L'origine de Globe
Un invention très ancienne
Les astronomes appellent globe céleste et globe terrestre deux instruments de mathématiques, dont le premier sert à représenter la surface concave du ciel avec ses constellations, et le second, la surface de la terre avec les mers, les îles, les rivières, les lacs, les villes, etc. On voit sur l'un et l'autre plusieurs circonférences de cercles répondant à des cercles qui ont été imaginés pour pouvoir rendre raison du mécanisme de l'univers.
On ignore par qui, et en quel temps le globe et la sphère ont été inventés ; il est certain cependant que l'utilité en était connue du temps d'Archimède ; Cratès, qui vivait cent trente ans avant J.-C., fit un globe dont Strabon parle avec éloge.
Les principaux globes en Europe
Les principaux globes que l'on connaisse, depuis le renouvellement des sciences en Europe, sont celui de Tycho-Brahé, qui est à Copenbague, dans une des salles de l'académie ; celui que M. de Lisle a vu à Pétersbourg, et dont la grandeur prodigieuse frappa Pierre-le-Grand : douze personnes peuvent s'assembler dedans autour d'une table, et faire des observations.
M. de La Hire a donné la description et l'explication des deux faimeux globes, l'un céleste et l'autre terrestre, de trente-quatre pieds de circonférence chacun, que le cardinal d'Estrées avait fait construire avec un très grand soin par le P. Coronelli ; placés ensuite dans les pavillons du château de Marly, puis transportés à la bibliothèque du roi. Les horizons et le méridien avaient été exécutés par Butterfield, en bronze, de treize pieds de diamètre. Cette intéressante description de La Hire est mentionnée dans le Journal des Savants, 1704.
Nous ne saurions parler de ces instruments de mathématiques, sans rappeler ici les deux globes exécutés par Pierre Anich, mort en 1766.
Le globe globe céleste de Pierre Anich
Pierre Anich, qui, de berger devint le plus grand astronome comme le plus habile mécanicien de son temps, ne savait ni lire ni écrire. Le père Hill, jésuite, qui l'avait admis au rang de ses élèves, lui montrait divers instruments de mathématiques nécessaires aux étudiants, à mesure qu'il remarquait en lui de nouveaux progrès. Anich les examinait, et en fabriquait aussitôt de plus parfaits. Son professeur lui demanda un globe céleste à l'usage de l'académie d'Inspruck. Comme ce globe présentait bien des difficultés dans sa construction, on douta si Anich, malgré les preuves qu'il avait données de ses talents, y réussirait, lorsque quelque temps après, en 1756, on le vit se présenter à l'académie avec son globe à la main. Les physiciens et les astronomes trouvèrent sa machine si parfaite, qu'ils la jugèrent digne d'être placée dans le cabinet de l'impératrice reine. C'est, écrivait le P. Weinhard au P. Hill, la plus savante et la plus belle machine que j'aie vue.
Anich avait tracé par des points tous les astres sur ce globe, et, sans autre secours que sa mémoire, il avait assigné à chaque étoile la place qu'elle occupe parmi les astres. Les points qui désignaient les étoiles étaient marqués sur de petites lames d'acier poli et luisant ; en sorte que, par ce moyen, il rendait la scintillation de chacune. On n'aurait encore qu'une faible idée de la supériorité d'Anich dans la mécanique, si l'on ignorait que, parmi les additions qu'il fit à son globe céleste, il avait adapté une montre à l'horizon et huit petites roues qui, liées au cadran, indiquaient, au moyen de trois aiguilles, la diversité du mouvement du soleil, de la lune, et des étoiles fixes.
Le globe globe terrestre de Pierre Anich
On désira qu'Anich, qui avait si bien réussi dans la construction d'un globe céleste, entreprit celle d'un globe terrestre. Il y avait un obstacle : Anich ne savait pas écrire. Mais quelle difficulté peut arrêter l'homme de génie ! Anich s'appliqua à l'écriture, et, au bout de quelques mois, parvint à écrire aussi bien que les plus habiles maîtres. Son globe terrestre fut achevé en avril 1759. Ce globe admirable et de la plus grande perfection, était de la même grandeur que son globe céleste, c'est-à-dire d'environ trois pieds de diamètre. Ils sont tous deux d'un bois très dur, très artistement travaillé, quoique l'auteur ne se soit servi que d'un tour ordinaire. Ces sphères gardent leur équilibre avec tant d'exactitude, que de quelque manière qu'on les place, elles restent suspendues et en repos ; mais leur mobilité est telle que le mouvement d'une montre suffit pour les tirer du point de repos, sans que le mouvement de la montre en soit sensiblement retardé.
Les globes célestes en verre
M. Leguin, en l'an XII (1803), a imaginé des globes célestes en verre, sur la surface desquels sont gravées les étoiles et les constellations. Au centre est placé le système planétaire qui se meut dans l'ordre du ciel par un pendule, sans que le planétaire altère sa régularité. La terre, accompagnée de la lune qui se meut autour d'elle, y fait son mouvement diurne en vingt-quatre heures, et son mouvement annuel en trois cent soixante-cinq jours autour du soleil, en gardant son parallélisme pour faire sentir les changements de saison.
Les autres planètes font aussi leur mouvement annuel autour du soleil, dans leur temps réel. Cette machine offre à la vue le même spectacle que si l'on se trouvait placé dans la région des étoiles, et que l'on regardât notre système.