L'origine de Unigenitus

Constitution eu forme de bulle, donnée à Rome, en 1713, par le pape Clément XI, portant condamnation du livre intitulé Réflexions morales sur le nouveau Testament, par le père Quesnel, prêtre de l'Oratoire.


Une bulle source de trouble

Cette bulle, qui commence par le mot unigenitus, d'où lui vient son nom, causa le plus grand trouble dans l'église, et souleva contre elle presque toute la France. Louis XIV l'avait demandée pour prévenir un schisme, et elle fut sur le point de produire l'effet contraire. Une nombreuse assemblée d'évêques fut convoquée à Paris ; quarante acceptèrent la bulle pour le bien de la paix ; mais ils en donnèrent en même temps des explications pour calmer les scrupules du public.
L'acceptation pure et simple fut envoyée au pape, et les modifications furent pour les peuples. Les évêques prétendirent par là satisfaire à la fois le pontife, le roi et la multitude. Mais le cardinal de Noailles, archevêque de Paris, et sept autres évêques de l'assemblée, qui se joignirent à lui, ne voulurent ni de la bulle ni de ses correctifs. Ils écrivirent au pape pour demander des correctifs même à Sa Sainteté.
C'était un affront qu'ils lui faisaient respectueusement. Le roi ne le souffrit pas ; il empêcha que la lettre fût rendue publique, renvoya les évêques dans leurs diocèses, et défendit au cardinal de paraître à la cour. La persécution, dit l'auteur du Siècle de Louis XIV, donna à cet archevêque une nouvelle considération dans le public. C'était une véritable division dans l'épiscopat, dans tout le clergé, dans les ordres religieux. Tout le monde avouait qu'il ne s'agissait pas des points fondamentaux de la religion ; cependant il y avait une guerre civile dans les esprits, comme s'il eût été question du renversement du christianisme ; et on fit agir des deux côtés tous les ressorts de la politique, comme dans l'affaire la plus profane.
Ces ressorts furent employés pour faire accepter la constitution par la Sorbonne. La pluralité des suffrages ne fut pas pour elle, et cependant elle y fut enregistrée. Le ministre avait peine à suffire aux lettres de cachet qui envoyaient en prison ou en exil les opposants. Cette bulle avait été enregistrée au parlement, avec la réserve des droit ordinaires de la couronne, des libertés de l'église gallicane, du pouvoir et de la juridiction des évêques ; mais le cri public perçait toujours à travers l'obéissance.


Le jésuite Le Tellier

Les esprits étaient surtout révoltés contre le jésuite Le Tellier, confesseur de Louis XIV, homme sombre, ardent, inflexible, cachant ses violences sous un flegme apparent. Le Tellier osa présumer de son crédit jusqu'à proposer de faire déposer le cardinal de Noailles dans un concile national. Ainsi un religieux faisait servir à sa vengeance son roi, son pénitent et sa religion !
Pour préparer ce concile, on détermina Louis XIV à faire enregistrer au parlement une déclaration par laquelle tout évêque qui n'aurait pas reçu la bulle purement et simplement, serait tenu d'y souscrire, ou serait poursuivi à la requête du procureur-général, comme rebelle. Le chancelier Voisin, secrétaire d'état de la guerre, dur et despotique, avait dressé cet édit. Le procureur-général d'Aguesseau, plus versé que le chancelier dans les lois du royaume, et ayant alors ce courage d'esprit que donne la jeunesse, refusa absolument de se charger d'une telle pièce. Le premier président de Mesmes en remontra au roi les conséquences.


Les acceptants et les refusants

On traîna l'affaire en longueur. Le roi était mourant, il mourut, et tout changea. Le duc d'Orléans, régent du royaume, composa un conseil de conscience dont le cardinal de Noailles fut le président. On exila le père Le Tellier, chargé de la haine publique, et peu aimé de ses confrères. Les évêques opposés à la bulle appelèrent à un futur concile, dût-il ne se tenir jamais ; la Sorbonne, les curés du diocèse de Paris, des corps entiers de religieux firent le même appel, et enfin le cardinal de Noailles fit le sien en 1717 mais il ne voulut pas d'abord le rendre public : on l'imprima malgré lui. L'église de France resta divisée en deux factions, les acceptants et les refusants.
Le duc d'Orléans, intéressé à réunir l'église de France, engagea le cardinal de Noailles, non seulement à recevoir cette constitution, qu'il regardait comme scandaleuse, mais à rétracter son appel, qu'il regardait comme légitime ; et cette rétractation parut le 20 août 1720. Quelques évoques appelants restèrent seuls opiniâtrement attachés à leurs sentiments. Un reste de fanatisme subsista seulement dans une petite partie du peuple de Paris, et les jésuites eux-mêmes semblèrent entraînés dans la chute du jansénisme.

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