L'origine de Machiavélisme

C'est la détestable politique, ou plutôt l'art de tyranniser les peuples, dont Machiavel répandit les principes dans ses ouvrages, surtout dans son Traité du Prince.


Nicolas Machiavel et les Médicis

Nicolas Machiavel, né à Florence, en 1479, fut un homme d'un génie profond et d'une érudition très variée. Il sut les langues anciennes et modernes. Il posséda l'histoire. Il s'occupa de la morale et de la politique. Il ne négligea pas les lettres. Il écrivit quelques comédies qui ne sont pas sans mérite. On prétend qu'il apprit à régner à César Borgia. Ce qu'il y a de certain, c'est que la puissance despotique de la maison des Médicis lui fut odieuse, et que cette haine, qu'il était si bien dans ses principes de dissimuler, l'exposa à de longues et cruelles persécutions.
On le soupçonna d'être entré dans la conjuration de Soderini. Il fut pris et mis en prison ; mais le courage avec lequel il résista aux tourments de la question qu'il subit lui sauva la vie. Les Médicis qui ne purent le perdre dans cette occasion, le protégèrent, et l'engagèrent par leurs bienfaits à écrire l'histoire. Il le fit : l'expérience du passé ne le rendit pas plus circonspect. Il trempa encore dans le projet que quelques citoyens formèrent d'assassiner le cardinal Jules de Médicis, qui fut dans la suite élevé au souverain pontificat sous le nom de Clément VII. On ne put lui opposer que les éloges continuels qu'il avait faits de Brutus et de Cassius. S'il n'y en avait pas assez pour le condamner à mort, il y en avait autant et plus qu'il n'en fallait pour le châtier par la perte de ses pensions : c'est ce qui lui arriva. Ce nouvel échec le précipita dans la misère, qu'il supporta pendant quelque temps. Il mourut à l'âge de quarante-huit ans, en 1527, d'un médicament qu'il s'administra lui-même comme un préservatif contre la maladie.


Son Traité du Prince

Il y a peu d'ouvrages qui aient fait autant de bruit que le Traité du Prince : c'est là que l'auteur enseigne aux souverains à fouler aux pieds la religion, les règles de la justice, la sainteté des pactes, et tout ce qu'il y a de sacré, lorsque l'intérêt l'exigera. On pourrait intituler le quinzième et le vingt-cinquième chapitre : Des circonstances où il convient au prince d'être un scélérat.
Comment expliquer, ajoute un des auteurs de l'Encyclopédie, à qui nous empruntons la fin de cet article, qu'un des plus ardents défenseurs de la république soit devenu tout-à-coup un infâme apologiste de la tyrannie ? le voici. Au reste, je n'expose ici mon sentiment que comme une idée qui n'est pas tout-à-fait destituée de vraisemblance. Lorsque Machiavel écrivit son Traité du Prince, c'est comme s'il eût dit à ses concitoyens : Lisez bien cet ouvrage. Si vous acceptez jamais un maître, il sera tel que je vous le peins : voilà la bête féroce à laquelle vous vous abandonnerez. Ainsi ce fut la faute de ses contemporains, s'ils méconnurent son but : ils prirent une satire pour un éloge.
Le chancelier Bacon ne s'y est pas trompé, lui, lorsqu'il a dit : cet homme n'apprend rien aux tyrans, ils ne savent que trop bien ce qu'ils ont à faire ; mais il instruit les peuples de ce qu'ils ont à redouter. Quoi qu'il en soit, on ne peut guère douter qu'au moins Machiavel n'ait pressenti que tôt ou tard il s'élèverait un cri général contre son ouvrage, et que ses adversaires ne réussiraient jamais à démontrer que son Prince n'était pas une image fidèle de la plupart de ceux qui ont commandé aux hommes avec le plus d'éclat.

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