L'origine de Table

Les Hébreux, dans leurs fêtes solennelles et dans leurs repas de sacrifices, avaient deux tables. A la première ils se régalaient de la chair de la victime, et à la seconde ils donnaient à la ronde la coupe de bénédiction, qu'ils appelaient la coupe de louange.


Les tables dans la Grèce antique

Chez les anciens, les tables à manger étaient rondes, ovales, carrées, ou de différentes faces ; quelques unes formaient le croissant. Celles des Grecs se pliaient ordinairement. Le frêne, l'érable, le chêne, furent employés à faire les premières tables ; elles étaient basses, avaient un ou plusieurs pieds sans aucun ornement. Mais lorsque les Grecs eurent pénétré en Asie par le commerce ou par leurs conquêtes, et qu'ils eurent rapporté les mœurs et les usages des peuples de cette contrée, on ne vit plus à Athènes et dans toute la Grèce que des tables de citronnier, de cèdre, et d'autres bois odoriférants, ornées de mosaïques ou de marqueteries, de nacre de perle et d'ébène. Les pieds de ces tables étaient de même bois, et le plus souvent d'ivoire, enrichis de lames d'or, d'argent et d'autres matières du plus grand prix.
Si les anciens mettaient tant de luxe et de magnificence dans leurs tables, c'est parce qu'ils n'avaient point l'usage des nappes et des serviettes, et qu'ils les nettoyaient avec une éponge lorsqu'elles étaient sales. Cependant, dans la suite, il y eut des nappes de toile peinte avec des raies d'or et de pourpre. On ne fournissait point de serviettes ; chaque convive apportait la sienne. Cet usage s'est même conservé longtemps après le règne d'Auguste.


Les tables de la Rome antique

Avant leurs conquêtes en Asie, les Romains n'avaient que des tables de frêne, d'érable et de chêne, à trois pieds, comme le dit Horace ; mais ils imitèrent bientôt et surpassèrent même les Grecs dans ce genre de luxe. Ils eurent des tables de citronnier, d'ébène, de cèdre, et de toutes sortes de bois odoriférants qu'ils rapportaient d'Asie. Elles étaient à un ou à plusieurs pieds d'ivoire, ornées de figures de lions, de léopards et d'autres animaux. Les Romains avaient communément deux tables, l'une pour le service de la chair et du poisson, l'autre pour le fruit.
Les anciens avaient un grand respect pour les tables à manger ; ils les regardaient comme des choses consacrées aux dieux protecteurs de l'hospitalité, et se faisaient un grand scrupule d'en profaner la sainteté. En effet, c'était par elles qu'on exerçait l'hospitalité ; c'était sur elles que se faisaient les libations aux dieux, à la lin des repas ; enfin c'était en touchant les tables que les anciens faisaient les serments par lesquels ils contractaient l'obligation d'hospitalité entre eux, et ils avaient pour elles le même respect que pour les autels.


Les tables de la loi des douze

Les premières lois romaines furent ainsi appelées parce qu'elles étaient écrites avec un style sur une table de bois enduite de cire, et quelquefois sur des tables de cuivré exposées dans le lieu le plus éminent de la place publique.
Les Romains, après l'expulsion des rois, voulaient affermir leur gouvernement par une législation fixe et sage, mais manquaient de documents à ce sujet. Ils empruntèrent des Grecs leurs meilleures lois. Les déceinvirs, aidés d'un certain Hermodorus, rédigèrent sur dix tables, ces lois, dont la confirmation fut consacrée, l'an 303 de Rome, par le sénat et l'assemblée du peuple. L'année suivante, les législateurs, ayant reconnu l'insuffisance de ce code, firent graver sur deux nouvelles tables quelques lois des anciens rois de Rome, que des coutumes et que l'usage avaient autorisées. C'était là la loi des douze tables, si célèbre dans la jurisprudence romaine.


La table de marbre

C'était une grande table qui servait, du temps de saint Louis, à recevoir les redevances en nature des vassaux de la tour du Louvre, et qui resta depuis comme une marque de juridiction.
Ce n'est guère que depuis le XVIIe siècles qu'on voyait dans la grand'salle du Palais de Justice une table de marbre d'une grandeur énorme, et dont trois juridictions ont longtemps porté le nom. C'est autour de cette table que s'asseyaient, dans les grandes solennités, des têtes couronnées, pour prendre part aux festins royaux, tandis que, dans la même enceinte, les princes et seigneurs mangeaient sur des tables particulières. Anciennement, à diverses époques de l'année, cette table servait de théâtre, où les clercs du Palais, dits clercs de la basoche, montaient et jouaient publiquement des scènes bouffonnes ou satiriques appelées farces, soties, moralités, sermons.
Autour de cette table siégeaient aussi trois tribunaux : la connétablie, l'amirauté, les eaux et forêts de France ; tribunaux qui, quoique cette table ait été brisée et entièrement détruite par l'effet de l'incendie qui eut lieu au Palais, la nuit du 5 au 6 mars 1618, n'en ont pas moins conservé jusqu'en 1790 la dénomination de table de marbre.


Les tables astronomiques

On appelle ainsi en astronomie des calculs des mouvements, des lieux et autres phénomènes des planètes. Les plus anciennes tables astronomiques sont celles de Ptolémée, que l'on trouve dans son Almageste.
En 1252, Alphonse X, roi de Castille, s'unit à Isaac Hazan, astronome juif, et composa, de concert avec lui, les fameuses tables astronomiques nommées alphonsinès, pour lesquelles il dépensa, dit-on, quatre cent mille ducats.
Elles furent imprimées à Venise en 1492, et à Paris en 1545.
Copernic, dans son livre des Révolutions célestes, au lieu des tables alphonsines, en donne d'autres qu'il a calculées lui-même sur ses propres observations. Elles furent publiées en 1543.
Kepler, en 1627, publia à Lintz les tables rudolphines, qui sont fort estimées ; elles tirent leur nom de l'empereur Rodolphe, à qui Kepler les dédia.
Depuis les tables rudolphines, on en a publié un grand nombre d'autres ; telles sont les tables de Bouillaud, de Newton, du comte de Pagan, de Riccioli, etc. Les tables nommées tabulœ ludovicœ, publiées en 1702 par de Lahire, sont entièrement construites sur ses propres observations, et sans le secours d'aucune hypothèse ; ce que l'on regardait comme impossible avant l'invention du micromètre, du télescope et du pendule. Enfin M. Lemonnier, de l'académie royale des sciences de Paris, a donné, en 1746, des tables des mouvements du soleil, de la lune, des satellites, des réfractions, et des lieux de plusieurs étoiles fixes. Néanmoins, depuis la perfection qu'ont atteinte les instruments d'astronomie, les observations de ce genre donnent lieu de rectifier de temps à autre les éléments sur lesquels se fondent en partie la plupart des tables astronomiques. Celles de différentes planètes, calculées d'après les théories de la mécanique céleste et les meilleures observations, sont dues à MM. Delambre, Bürg, Burchardt, Bouvard, Lindeneau, Damoiseau, Plana et Carlini , etc., et surpassent par leur exactitude toutes celles que l'on vient de citer.


Les tables des sinus

Ces tables, qui contiennent par ordre les longueurs des sinus, tangentes et sécantes de tous les degrés et minutes d'un quart de cercle, ont été calculées pour la première fois par Jean Muller ou Régiomontan, qui naquit à Koningshoven, dans la Franconie, en 1436.
La résolution des triangles rectilignes et sphériques exige l'usage de ces tables ; mais depuis l'invention des logarithmes par Jean Napier, au moyen desquels les multiplications et les divisions sont changées en additions et soustractions, les géomètres ont substitué aux sinus et tangentes naturels leurs logarithmes. Les premières tables très étendues de ce genre, dues à Briggs et complétées par Gellibrand, ont été calculées avec quatorze décimales pour les centièmes de degré, et publiées à Londres, en 1633, sous le titre de Trigonometria britannica. D'autres tables, non moins estimées, ont été calculées par Adrien Vlacq, et rectifiées par Vega en 1797 ; elles renferment avec dix décimales les logarithmes des sinus et tangentes de dix en dix secondes pour tout le quart du cercle. Les tables de Taylor et celles de Callet, dans lesquelles les logarithmes se trouvent réduits à sept décimales, sont généralement adoptées aujourd'hui, à cause de leur exactitude et de leur disposition. Lors de l'établissement du système métrique en France, les géomètres proposèrent de substituer à la division du cercle en trois cent soixante degrés sexagésimaux celle en quatre cents grades ou degrés centésimaux ; et Borda, l'un des plus ardents promoteurs de ce nouveau système, calcula des tables trigonométriques décimales, dont Delambre fut l'éditeur en l'an IX (1800). Deux autres géomètres étrangers, MM. Hober et Ideler, calculèrent aussi de pareilles tables, et en soignèrent particulièrement l'impression. Enfin M. de Prony entreprit de son côté des tables logarithmiques décimales qui forment, par leur étendue et leur exactitude, un des plus précieux monuments élevés aux sciences. M. Didot avait eu l'intention de les stéréotyper ; mais comme les souscriptions ouvertes à ce sujet n'auraient couvert qu'une très petite partie des frais d'impression, elles sont restées en manuscrit.


La table de peutinger

On Sait que cette table est un parchemin large d'environ un pied sur une longueur de vingt-deux pieds au moins, formée par plusieurs parchemins proprement joints les uns aux autres. Les noms des mers, des îles, des lacs, des fleuves, des montagnes, des villes, etc., marqués sur cette table en caractères lombards, représentent le monde soumis aux Romains entre la fin du IVe et le commencement du Ve siècle. Leurs possessions s'étendaient encore alors des colonnes d'Hercule aux autels d'Alexandre, c'est-à-dire des extrémités de l'orient aux extrémités de l'occident, d'où l'on peut voir quelles étaient à cette époque la grandeur et la majesté de cet empire, quoique déjà beaucoup déchu de son ancienne splendeur.
Ce monument géographique fut exécuté, suivant Scheyb, à Constantinople, en 393 , par l'ordre de l'empereur Théodose, ou, suivant des critiques plus récents, en 435. On ignore par quel hasard et en quel temps ce précieux reste de l'antiquité fut porté en Allemagne, où il est demeuré dans l'oubli plus de douze cents ans, puisque ce ne fut qu'à la fin du XVe siècle qu'on le découvrit. Conrad Protucius Celtes, ce grand restaurateur des lettres en Allemagne, avait entrepris, par l'ordre de Maximilien Ier, un voyage à travers la meilleure partie de l'empire. L'objet de sa course littéraire était de rechercher tous les monuments qui concernaient l'histoire du pays. Il trouva dans la bibliothèque d'un monastère de Spire la table dont il s'agit, et l'emporta. C'était son nom qu'elle devait naturellement garder ; on lui a cependant donné celui de Conrad Peutinger, à qui Protucius Celtes, son ami, la donna ou la vendit. Peutinger eut un soin extrême de conserver cette carte, qu'il jugeait être celle de l'Itinéraire d'Antonin.
La mort de cet antiquaire (1547) pensa être funeste à ce précieux trésor ; il disparut avec lui et demeura de nouveau caché pendant environ quarante ans : on le retrouva enfin dans un des réduits les plus secrets de son immense bibliothèque. On présume que, vers la fin de ses jours, Peutinger, devenu sur cet article semblable aux vieillards avares, avait déposé son trésor dans un endroit connu de lui seul, et qu'en mourant il avait oublié de l'indiquer. Marc Velser fit d'abord la découverte non de l'original, mais de deux fragments : il conçut aussitôt le dessein d'en faire part au public ; il les copia de sa propre main avec la dernière exactitude, sans en excepter les fautes, et donna sa copie à Alde Manuce, son intime ami, célèbre libraire de Venise, pour l'imprimer sous ce titre : Fragments d'une ancienne table sur laquelle sont décrits quelques voyages à travers les provinces romaines. Enfin l'opiniâtreté de ses recherches lui fit découvrir l'original même dans une cassette exactement fermée, où Peutinger le tenait enterré. Aussitôt tous les savants lui demandèrent, chacun avec les instances les plus vives, la gloire d'en enrichir le public. Abraham Ortélius, géographe du roi d'Espagne, fut celui qui l'obtint ; mais la mort ne lui permit point de le publier : sentant sa fin approcher avant d'avoir pu y mettre la dernière main, il en nomma héritier Jean Moret, célèbre imprimeur d'Anvers, qui l'acheva. Tout dans les copies est conforme à l'original, à l'exception du caractère lombard, auquel on a substitué le caractère romain, plus commode pour l'ouvrier.
Depuis Jean Moret, on a donné différentes éditions de la Table de Peutinger : Pierre Bergier, cosmographe de Louis XIII, roi de France, est auteur de la seconde ; George Horn, de la troisième, etc. Enfin Didier-Ignace Peutinger, le dernier de sa famille, laissa par son testament au collège des jésuites d'Ausbourg toute sa bibliothèque, qui était aussi celle de ses ancêtres. On comptait y trouver l'original de la table dont il s'agit ; mais il était déjà passé de cette bibliothèque dans celle du prince Eugène de Savoie, qui en fit présent à la bibliothèque de Vienne. C'est sur ce document authentique que Scheyb l'a publiée de nouveau, en 1753. En 1809, M. Podocatharus Christianopolus l'a reproduite à Iesi avec un long mémoire de sa composition.


L'ordre de la table ronde

Cet ordre ou plutôt cet exercice de chevalerie a été, dit-on, institué vers l'an 516, sous Arthur, premier roi des Bretons ; cependant il paraît que la table ronde était une espèce de joute ou d'exercice militaire entre des hommes armés de lances, et qu'on nommait ainsi cette joute parce qu'elle était terminée par un souper où les chevaliers étaient assis à une table ronde, pour éviter le cérémonial et les disputes sur le rang.


La table de nuit

Si l'on en croit Voltaire, ce meuble commode, qu'on place auprès d'un lit et sur lequel se mettent plusieurs ustensiles, n'a été inventé qu'en 1717.


Les tables votives

Expression que l'usage a fait passer dans notre langue pour désigner des offrandes promises par un vœu. Les temples des anciens étaient ornés de tabellœ votivœ ou d'ex-voto : on leur donnait ce nom, parce que la plupart étaient accompagnées d'une inscription qui finissait par les mots ex-voto, pour marquer ou que le donateur s'acquittait de la promesse qu'il avait faite à quelque divinité dans un extrême danger, ou pour rendre public un bienfait reçu de la bonté des dieux. Ceux qui se sauvaient d'un naufrage ou de quelque autre grand péril avaient coutume de représenter dans un tableau tous leurs malheurs ; les uns se servaient de ce tableau pour toucher de compassion ceux qu'ils rencontraient dans leur chemin ; les autres allaient le consacrer dans le temple du dieu auquel ils s'étaient adressés dans le péril, et au secours duquel ils croyaient devoir leur salut.
Cet usage, comme tous ceux qui tiennent à la dévotion, s'est conservé chez les modernes ; nos églises, celles surtout qui sont situées au bord de la mer, à la proximité d'écueils dangereux, sont remplies d'ex-voto destinés à rappeler soit des guérisons inespérées, soit des naufrages auxquels les marins croient n'avoir échappé que par la protection divine. C'est une chose bien digne de remarque que le recueillement et la dévotion avec lesquels des matelots, qui dans leur vie habituelle sont si peu religieux, viennent accomplir un vœu pendant la tempête, ou remercier Notre-Dame-de-Grâce ou saint Nicolas, leur patron, d'une heureuse traversée.

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