L'origine de Impôt
On entend par ce mot une charge pécuniaire établie sur les peuples et sur les denrées, pour subvenir aux besoins de l'état.
Les impôts dans la Grèce antique
Les revenus des républiques grecques et romaine consistaient en différents impôts établis sur les citoyens et sur les alliés. On sait que Lycurgue, en réformant la république de Lacédémone, n'imposa aucun tribut à ses concitoyens : comme les biens étaient en commun, ils ne contribuaient que rarement, et toujours de leur gré, aux besoins de l'état : aussi, pendant très longtemps, ne vit-on à Sparte ni trésor public, ni questeur, ni publicains ou fermiers des revenus de la république. Les Lacédémoniens ne changèrent de conduite à cet égard, et n'eurent de trésor public dans leur ville, qu'après qu'ils se furent rendus maîtres d'Athènes, d'où ils rapportèrent des sommes d'or et d'argent considérables pour le temps. Ce fut aussi l'époque de la décadence de leur discipline, et de la corruption de leurs mœurs.
Il y avait à Athènes plusieurs sortes d'impôts qui formaient les revenus de l'état. Les uns se payaient en argent, les autres en froment, et autres denrées en nature. Les Athéniens payaient par tête une contribution au trésor public. Solon avait divisé le peuple d'Athènes en trois classes de riches, et une quatrième de pauvres et d'artisans. Ceux de la première classe payaient tous les ans à l'état un talent de capitation, c'était environ mille écus ; ceux de la seconde un demi-talent ; ceux de la troisième un sixième de talent : les pauvres et les artisans ne payaient aucun tribut. On donnait à bail ces revenus à des fermiers publics, qui les régissaient. Les revenus en blé et autres grains se tiraient des terres conquises qu'on avait abandonnées aux habitants des lieux moyennant une portion de la récolte.
Les impôts dans la Rome antique
Les revenus publics des Romains ne furent pas considérables sous les premiers rois, ni même au commencement de la république ; mais ils augmentèrent à mesure que les conquêtes s'étendirent. Ils consistaient principalement en deux espèces d'impôts qui se levaient sur les citoyens et sur les alliés. On appela tributum (tribut), selon Varron, la contribution que les citoyens divisés en tribus payaient par tête.
Les revenus les plus considérables de la république consistaient dans la dîme ou dixième partie des fruits de la terre qu'on avait en nature de certaines provinces ; dans l'impôt levé sur les troupeaux qui paissaient dans les prairies et dans les autres pâturages appartenant à la république ; dans celui qui se percevait sur les marchandises qui entraient dans les villes et dans les ports. Il paraît même que cet impôt était fort ancien à Rome, et qu'on le connaissait déjà du temps des rois, puisque Tite-live le compte parmi ceux qui furent abolis par Valérius Publicola. Il ne se levait alors que sur le transport des marchandises par terre ; car les Romains n'avaient ni ports, ni commerce avec l'étranger.
Dans la suite, les besoins de la république étant accrus avec sa puissance, on rétablit cette imposition, qui se levait sur toutes les marchandises qui entraient dans les ports d'Italie, de Sicile, d'Afrique et d'Asie. Il y avait encore un impôt considérable : c'était le vingtième du prix qu'était estimé un esclave qu'on affranchissait. A ces diverses sources de revenu il faut joindre ceux qui résultaient de la vente des sels.
Les impôts en France
Dans les anciens temps de la monarchie, les impôts n'étaient presque pas connus en France. La richesse de nos rois, comme celle des seigneurs, ne consistait qu'en terres, en redevances, en confiscations et en péages, tant pour la sortie que pour l'entrée des marchandises. Quelquefois les rois exigeaient des décimes du clergé ; d'autres fois ils levaient une espèce de taille sur les peuples de leur domaine ; mais ces taxes étaient toujours modérées.
Sous la première et la seconde races, un juif payait la dixième partie du profit qu'il faisait, et le chrétien la onzième. Ces impôts, avec le droit de passage, de pontage, d'entrée et de sortie, formaient une partie considérable du revenu des rois de France.
Environné d'ennemis puissants par leur propre force, et redoutables par leur réunion, Philippe-le-Bel avait besoin de grands secours d'argent. Il commença par imposer une taxe très forte pour ce temps-là : c'était d'abord le centième, puis le cinquantième de tous les biens ; mais elle ne regardait que les marchands. Touché ensuite de la misère des peuples qui se trouvaient épuisés par tant de subsides, il les déchargea du nouvel impôt, qu'il fit supporter aux ecclésiastiques.
L'augmentation considérable des impôts
Il paraît que le nombre des impôts était considérable sous Philippe de Valois, d'après la nomenclature qui nous en est restée. « Philippe de Valois, dit le chevalier d'Éon (dans ses Loisirs, 1774), exempta, par ses lettres des mois de février 1343, et juin 1345, les ouvriers monnayeurs, qui viendraient s'établir dans son royaume, de toutes tailles, complaintes, charges, redevances, coutumes, péages, travers, passages, centièmes et cinquantièmes, ostes, chevauchées, subventions, exactions, chevaleries, aides, mariages, toultes, impositions, prisons, servitudes et nouvelletés, noms proscrits pour la plupart, mais que j'ai cru devoir rapporter, ajoute cet auteur, pour donner les noms des différents droits qui étaient alors en usage. »
Cependant, loin de diminuer, les droits augmentèrent encore sous, le roi Jean. Après son retour de sa prison d'Angleterre, il établit une imposition générale de douze deniers pour livre sur toutes les marchandises vendues dans le royaume, de deux cinquièmes sur le prix du sel, d'un treizième sur les vins et autres boissons. Mais l'imposition sur les liqueurs était proportionnée à leur qualité ; en sorte que les vins médiocres étaient beaucoup moins taxés que les vins de Champagne et de Bourgogne.
En 1636, sous le règne de Louis XIII, les frais de la guerre ayant épuisé tous les fonds, on rejeta sur le peuple, par une imposition ajoutée à la taille, les appointements des gouverneurs et officiers employés dans les provinces.
Enfin ce fut sous le règne de Louis XIV que la France se vit surtout accablée sous le poids des impôts et des emprunts.