L'origine de Rage
La cure d'hydrophobie en France
Anciennement, en France, la cure de l'hydropbobie était vulgairement confiée aux reliques de saint Hubert. Ceux qui avaient été mordus allaient en pèlerinage visiter ces reliques, et y porter leur offrande ; et ils étaient persuadés qu'ils seraient préservés des suites funestes de leurs blessures, si on leur insérait dans le front une parcelle d'étole, et si l'on pratiquait sur eux quelques exorcismes.
Pour la commodité des personnes auxquelles la fortune ou les occupations ne permettaient pas de se transporter dans le fond des Ardennes, où étaient déposées les reliques de saint Hubert, il se trouvait, dans presque toutes les provinces du royaume quelques familles qui, ayant trouvé saint Hubert sur leur arbre généalogique, s'arrogeaient, en raison de la parenté, la vertu de leur aïeul. Chaque individu de ces familles croyait fermement pouvoir préserver de la rage avec un mélange d'œufs, de racine d'églantier, d'écailles d'huîtres, etc., dont on composait une omelette que l'on assaisonnait de quelques prières ridicules, qui se transmettaient avec le blason et les vieux parchemins.
Le recours à saint Gui en Italie
Dans les siècles d'ignorance, les habitants de la Pouille (contrée de l'Italie) mordus par des animaux enragés, avaient recours à saint Gui ou Vith, et ils l'invoquaient de la manière suivante : ils faisaient neuf fois le tour de leur ville, pendant la nuit du samedi, sans prendre aucun repos, et prononçant continuellement cette prière :
O grand saint Gui, tendre pélican, protecteur du côtes de la Pouille et de la ville maritime de Poliguano, qui soulagez les morsures venimeuses et adoucissez la colère des chiens, préservez-nous, ô grand saint, de la rage de ces animaux et de leur gueule envenimée : loin de nous toute rage, loin d'ici toute fureur.
Toute gothique que soit cette prière, elle est cependant plus orthodoxe que celle dont se servaient la plupart des faiseurs d'omelettes. Elle était d'ailleurs accompagnée d'un exercice violent qui pouvait être utile par les sueurs abondantes qu'il devait exciter.
Le remède médical contre la rage au XIXe siècle
Mais ce qui est beaucoup plus consolant pour l'humanité que toutes ces anciennes pratiques superstitieuses, ce qui doit faire espérer qu'on est près de trouver un remède contre cette horrible maladie, ce sont les découvertes heureuses faites par la suite. En 1824, le docteur Heller, membre de l'académie royale de médecine, a communiqué à cette société un fait important, fait qui a été aussi observé en France : c'est qu'en Grèce on avait soin de bien observer la langue des individus qui avaient été mordus, parce qu'au bout de huit à neuf jours après cette morsure, il s'élevait de chaque côté de la langue et près de son filet des pustules qu'on appelle lyssès chez les Grecs. Ces lyssès paraissent contenir tout le virus rabique ; aussitôt leur apparition, on s'empressait de les couper et de cautériser les plaies avec un fer chaud ; par cette méthode on prétendait avoir garanti l'individu de l'hydrophobie.