L'origine de Rosée
La rosée et le serein
Rosée, du latin ros, roris. On appelle rosée une vapeur humide qui se trouve le matin sur la terre et sur les feuilles de toutes les plantes de la campagne. On appelle serein celle qui paraît tomber le soir, quand le ciel est pur, et qui mouille sensiblement le linge et les habits. Les observations ont prouvé que ces deux phénomènes ne sont que la continuation l'un de l'autre, et que si quelquefois l'un d'eux seulement s'observe, c'est que le ciel, en cessant d'être serein, en interrompt le cours.
L'explication de la formation de la rosée
Ce n'est que depuis le XIXe siècle que les physiciens ont conçu une juste idée de la formation de la rosée. Généralement on l'assimilait à la pluie en la faisant dépendre immédiatement d'un refroidissement de l'atmosphère, qui déterminait la précipitation d'une partie de l'humidité dont elle était chargée. Cependant Aristote rapporte qu'on avait observé déjà de son temps que la rosée ne déposait que pendant les nuits calmes et sereines ; et l'on a remarqué depuis longtemps que les métaux polis avaient moins d'aptitude que les autres corps à se couvrir d'humidité.
M. le docteur Wells, physicien anglais, est le premier qui ait donné sur la formation de la rosée une explication aussi satisfaisante qu'ingénieuse. Par une suite d'expériences faites avec une grande précision, il a été conduit à reconnaître que l'abaissement de la température au-dessous de celle de l'air environnant précède l'apparition de la rosée. De cette observation et de beaucoup d'autres, il tire la conséquence que la véritable cause de ce météore est le rayonnement du calorique. En effet, le rayonnement est réciproque entre les différents corps situés dans le même espace. Si les échanges qui en résultent sont inégaux, la température s'abaissera ou s'élèvera proportionnellement à la quantité de son rayonnement dans un instant donné. Or, elle est plus grande dans les plantes que dans l'atmosphère environnante, d'où il suit qu'en refroidissant l'air qui les baigne, elles le déterminent à abandonner une partie de l'humidité qu'il renferme et qui se dépose à leur surface.
On voit que la rosée ne doit être abondante que pendant les nuits calmes et sereines, car alors les parties supérieures de l'herbe envoient leur calorique rayonnant vers un espace libre dont elles ne reçoivent presque rien en échange. Mais lorsque des nuages flottent dans cet espace, la perte que fait l'herbe de son calorique rayonnant est plus ou moins compensée par le rayonnement en sens contraire de la surface inférieure des nuages, ce qui diminue d'autant la quantité de rosée que les plantes reçoivent.
D'après cela, il est clair que ce météore doit continuer de se former tant que la nuit reste calme ; aussi est-ce une erreur de croire que la rosée ne se montre que le soir ou le matin. Les vents arrêtent la formation de la rosée, en ce que le déplacement rapide de l'air amenant des couches plus chaudes que la masse de ce fluide qu'elles remplacent, les corps terrestres soumis à leur influence reçoivent une quantité de calorique plus grande que celle qu'ils cèdent. Lorsque le refroidissement de l'herbe et des autres corps se fait avec rapidité, la rosée se congèle à leur surface et passe à l'état de gelée, circonstance d'ailleurs aidée par l'eau, dont le pouvoir rayonnant est peut-être supérieur à celui des autres corps.