L'origine de Couronne
L'étymologie du mot couronne
On prétend que le mot couronne vient de corne, parce que les couronnes anciennes étaient en pointe, et que les cornes étaient des marques de puissance, de dignité, d'autorité, d'empire ; et dans la Sainte-Écriture les mots cornu et cornua sont souvent pris pour la dignité royale : de là vient que corne et couronne en hébreu sont expliqués par le même mot.
D'abord un sacerdoce
L'antiquité la plus reculée ne déféra les couronnes qu'à la divinité. Bacchus, si l'on en croit Pline, s'en para le premier après la conquête des Indes. Phérécide , cité par Tertullien, de caronâ, rapporte à Saturne l'origine des couronnes ; Diodore l'attribue à Jupiter, après sa victoire sur les Titans ; Fabius Pictor à Janus : il dit que cet ancien roi d'Italie s'en servit le premier dans les sacrifices. Léon l'Egyptien assure qu'Isis se couronna la première d'épis de blé, parce qu'elle avait appris aux hommes l'art de semer et de cultiver.
La plupart des auteurs conviennent que la couronne était, dans son origine, plutôt un ornement du sacerdoce que de la royauté ; les souverains la prirent ensuite, parce qu'alors ces deux dignités, du sacerdoce et de l'empire, étaient réunies.
Les diadèmes
Les premières couronnes n'étaient qu'une bandelette nommée diadème, dont on se ceignait la tête, et qu'on liait par-derrière, comme on le voit aux têtes de Jupiter, des Ptolémée et des rois de Syrie sur les médailles. Quelque fois on les faisait de deux bandelettes ; ensuite on prit des rameaux de différents arbres, auxquels on ajouta des fleurs.
Tertullien, de coronâ, écrit que, selon Claudius Saturninus, il n'y avait aucune plante dont on n'eût fait des couronnes. Celle de Jupiter était de fleurs ; elle est souvent de laurier sur les médailles. Celle de Junon, de vigne ; celle de Bacchus, de pampre et de raisin, de branches de lierre chargées de fleurs et de fruits ; celles de Castor, de Pollux et des fleuves, de roseaux ; celle de Saturne, de figues nouvelles ; celle d'Hercule, de peuplier ; celle de Pan, de pin ou d'hièble ; celle de Lucine, de dictame ; celles des Heures, de fruits propres à chaque saison ; celles des Grâces, de branches d'olivier, aussi bien que celle de Minerve ; celle de Vénus, de roses ; celle de Cérès, d'épis, aussi bien que celle d'Isis ; celles des Lares, de noyer ou de romarin, en quoi l'on suivait l'opinion commune dans le paganisme, que ces arbres ou plantes étaient particulièrement consacrés à ces divinités.
Un usage multiple
Non seulement les couronnes furent employées pour décorer les statues et désigner les images des dieux, pour les prêtres dans les sacrifices, pour marquer l'autorité des rois et des empereurs ; mais on couronnait encore les autels, les temples, les portes des maisons, les vases sacrés, les victimes, les navires, etc. On couronnait les poètes, ceux qui remportaient la victoire dans les jeux solennels, les gens de guerre qui se distinguaient par quelque exploit.
Chez les Romains on donnait encore une couronne ou bandelette de laine aux gladiateurs qu'on mettait en liberté. Tout le monde sait que les anciens, dans les sacrifices, se couronnaient d'ache, d'olivier, de laurier ; .qu'ils portaient, dans leurs festins et autres parties de plaisir, des chapeaux de lierre, de myrte, de roses, etc. ; les jeunes mariées étaient aussi couronnées ; mais, dans les funérailles, les Romains ne portaient que des couronnes de cyprès.
Les couronnes papale et royale
Quelques auteurs concluent de certains passages d'Eusèbe de Césarée, que les évêques portaient autrefois des couronnes.
La couronne papale est composée d'une tiare et d'une triple couronne qui l'environne ; elle a deux pendants comme la mitre des évêques. Le pape Hormisdas ajouta le première couronne à la tiare ; Boniface VIII la seconde, et Jean XXII la troisième.
La couronne du roi de France était un cercle de huit fleurs de lis, cintré de six diadèmes qui le fermaient, et qui portaient au-dessus une double fleur de lis, qui était le cimier de France. Quelques uns prétendent que Charles VIII est le premier qui ait porté la couronne fermée, lorsqu'il eut pris la qualité d'empereur d'Orient, en 1495 ; cependant on voit , dans les cabinets des curieux, des écus d'or et autres monnaies du roi Louis XII, successeur de Charles VIII, où la couronne n'est point fermée. Il paraît donc que François Ier est le premier roi de France qui ait porté la couronne fermée ; avant lui ce n'était qu'un cercle ou diadème. Ce roi ne voulait céder en rien à Charles-Quint et à Henri VIII, qui avaient pris la couronne fermée.
Les couronnes de casques
La noblesse portait sur ses armoiries des couronnes qu'on appelle couronnes de casques ou couronnes d'écussons. Elles sont de différentes formes, selon les divers degrés de noblesse ou d'illustration. On en distingue de cinq sortes principales : 1° la couronne ducale, toute de fleurons à fleurs d'ache ou de persil ; 2° la couronne de marquis, qui est de fleurons et de perles mêlées alternativement ; 3° celle de comte, composée de perles sur un cercle d'or ; 4° celle de vicomte est aussi un cercle avec neuf perles entassées de trois en trous ; 5° celle de baron, qui est une espèce de bonnet avec un collier de perles en bandes. Mais tout cela varie, et pour la forme des fleurons, et pour le nombre des perles, suivant les différentes nations ; et même, à l'exception des couronnes des ducs et pairs, les autres sont ordinairement au choix de ceux qui les mettent sur le timbre de leurs armes.
La couronne d'épine
Le père Daniel dit que saint Louis dégagea à ses frais la couronne d'épines de N.-S., qui avait été engagée par Baudouin, empereur de Constantinople, pour une très grosse somme d'argent, et qu'il la fit transporter en France avec beaucoup de pompe et de cérémonie. L'auteur de l'Histoire de saint Louis assure qu'elle subsistait de son temps, et que les épines en étaient toujours vertes. Quelques auteurs, après saint Clément d'Alexandrie, prétendent qu'elle était de ronce, ex rubo ; d'autres qu'elle était de nerprun, ex rhamno ;
d'autres d'épine blanche, et d'autres de jonc marin.
Le problème de la couronne d'or
Ce fut au bain qu'Archimède trouva la solution de ce probèlme, ou, pour mieux dire, le principe qui, à l'aide du calcul algébrique, en donne la solution. Voici quelle fut l'origine de cette découverte. Hiéron, son parent et son ami, parvenu à la couronne de Syracuse, et voulant laisser un monument de sa reconnaissance envers les dieux, à qui il croyait devoir cette faveur, fit faire une couronne d'un grand prix, et en fournit l'or à l'ouvrier. Celui-ci apporta, au temps marqué, une couronne d'or du poids qu'il avait reçu : l'ouvrage fut approuvé et placé dans le temple.
Bientôt après la fidélité de l'ouvrier fut soupçonnée. Le roi voulut découvrir la fraude, sans endommager l'ouvrage. Archimède fut consulté, et tout plein de cette pensée, il alla au bain, suivant son usage. Il s'aperçut qu'à mesure qu'il s'enfonçait dans la cuve, l'eau s'en allait par-dessus les bords. Il sortit sur-le-champ, et sans songer qu'il était nu, se mit à crier dans les rues de Syracuse : « Je l'ai trouvé, je l'ai trouvé ! » De retour chez lui, il prit deux lingots, l'un d'or pur, l'autre d'argent, chacun du poids de la couronne. Il plongea d'abord le lingot d'argent dans un vaisseau plein d'eau ; elle s'écoula par-dessus les bords, à proportion du volume de lingot. Archimède ayant mesuré l'eau sortie du vaisseau, connut d'abord quelle quantité d'eau répond à une masse d'argent d'un certain poids. Après cette expérience, il remplit d'eau le même vase jusqu'aux bords, comme la première fois, mesura ensuite l'eau qui venait de s'écouler, et trouva que le lingot d'or en avait fait moins sortir que le lingot d'argent.
Il découvrit ainsi qu'il y avait une proportion entre les quantités écoulées et les volumes de deux lingots de métaux différents et de même poids. Cette première découverte était la plus difficile ; le calcul fit le reste. Archimède ayant remarqué en plongeant la couronne qu'elle faisait sortir plus d'eau que le lingot d'or du même poids, reconnut qu'il y avait de l'alliage ; et raisonnant ensuite sur les quantités d'eau écoulées aux expériences, il fit voir clairement combien l'ouvrier avait mêlé d'argent à la couronne.
L'ordre de la couronne de fer
La couronne de fer est ainsi nommée, dit Mézeray, parce qu'elle est en effet d'un cercle de fer, mais recouvert d'une lame d'or. On dit que la généreuse Teudelaine, fille de Garibal, duc de Bavière, celle qui, vers l'an 593, retira les Lombards de l'arianisme, la fit faire pour en couronner son mari Agilulfe.
Mais cette opinion peut éprouver des contradictions, et l'on ne lira pas sans intérêt quelques remarques insérées dans le Journal des arts, des sciences, de littérature et de politique, du 14 octobre 1808, sous le titre d'Anecdotes sur la couronne de fer, conservée à Pavie, et qui servait au sacre des empereurs pour leur inauguration au royaume d'Italie.
« Le savant Muratori, dit l'auteur de cet article, sera mon guide, sans m'astreindre cependant à suivre toujours ses opinions. Il a fait imprimer, en 1698, à Milan, une dissertation sur cette couronne. Avant de dire ce qu'il en pense, il expose les sentiments divers des auteurs qui en ont parlé, et porte sur tous le flambeau d'une critique judicieuse.
L'opinion généralement répandue dans les siècles reculés était que cette couronne avait reçu la dénomination de couronne de fer, parce que la bande de ce métal qui l'entoure était formée de l'un des clous qui avaient servi à la passion de Jésus-Christ. Fontanini, savant archevêque d'Ancyre, se déclara le défenseur de cette pieuse croyance, et s'appuya, non seulement de la tradition, mais encore de plusieurs titres imposants. Il citait surtout l'acte de couronnement de l'empereur Charles IV, à Milan, le 6 janvier 1355, lequel porte que ce prince fut couronné de la sainte couronne de fer, coronato della santa corona del ferro. Mais Muratori lui soutint que santa ne prouvait ici rien en faveur du clou de la passion, parce qu'on avait toujours donné l'épithète de saint et sacré aux ornements qui servaient au sacre des empereurs et des rois. Il va plus loin, et prouve que l'abréviation sa pour santa, signifie aussi très souvent seconda. Il le prouve, dis-je, non seulement par des citations latines, mais encore par des actes italiens ; car, 1° Charles II, roi de Naples, est appelé dans la chronique de Caraccioli, Carolus sus pour secundus ; 2° le même auteur, en parlant des trois filles de ce prince, dit, la prima fù Clemenza, la sa se chiamo Bayanza, et son second fils Robert est aussi qualifié lo so figlio Roberto.
Il résulte de là, suivant Muratori, que sa corôna del ferro ne signifie que la seconde couronne. Mais pourquoi la seconde ? Le voici : depuis le grand Othon, les empereurs étaient dans l'usage de se faire couronner trois fois : la première à Aix-la-Chapelle, comme rois de Germanie ; la seconde à Milan, comme rois d'Italie ; et la troisième à Rome, comme empereurs. Or,les Milanais ont toujours conservé avec un respect religieux ce second ornement sacré de la majesté impériale.
Quelques auteurs ont donné une autre interprétation à la couronne de fer, et je me souviens d'avoir lu quelque part que cette épithète ferrea, de fer, lui vint de ce qu'elle inaugurait les braves, les héros dans la dignité royale.
Quoi qu'il en soit, ni les trois savants rédacteurs des chroniques d'Italie, ni Muratori lui-même, ne nous donnent plus d'autres éclaircissements sur la couronne de fer. Ils se contentent de nous rapporter toutes les révolutions fameuses qui sont arrivées dans la région qui la conservait en dépôt, sans avoir jamais été la proie des vainqueurs, s'étant toujours soutenue au milieu des ruines, et en ne cessant de se mettre à l'abri du pillage, comme l'emblème sacré de la royauté, lors même que la royauté n'était plus.
Mais quelle est l'origine de cette couronne, si longtemps soustraite à tous les regards ? Quelle heureuse tête en fut ornée la première ? A quelle époque cessa-t-elle d'être en usage ? Voilà ce qu'on trouverait sans doute dans les nombreuses annales du pays, de ce pays si fertile en hommes de lettres, cette patrie des vieux et braves Insubriens, qui devint la conquête des Lombards et celle de Charlemagne, tombée depuis aux Visconti, et conquise encore par un valet, de charrue, du village de Cotignol, en Piémont ; par cet intrépide Sforce, qui se créa duc de Milan, et qui laissa ce beau duché comme un héritage à son bâtard, dont le sang fut uni dans la suite à celui des plus grandes maisons souveraines de l'Europe. Combien d'autres faits semblables n'offrirait pas le Milanais dans ses guerres avec les Génois, et dans celles dont il fut si longtemps le théâtre entre la France et l'Autriche, surtout dans celle où notre roi François Ier fut fait prisonnier par Charles-Quint, dans la plaine de Pavie, si près de la couronne de fer. Ces deux grands rivaux ne songeaient guère à cette couronne dans ce moment ; ils ne pensaient qu'à vaincre. Mais les hommes de lettres, plus désœuvrés, ont tout le temps de la suivre dans les différentes retraites où elle a pu se réfugier. »
Les couronnes de fleurs
Glycère, courtisane de Sicyone, se distingua tellement dans l'art de tresser ces sortes de couronnes, qu'elle en fut regardée comme l'inventrice.